Published: sam. 08 février 2020
By jdn06
In Distributions .
tags: Linux FreeBSD ZFS
C’est avec tristesse que je reprends le titre légèrement modifié d’un
billet de 2013 qui célèbrait la
sortie de la première version stable du portage de ZFS pour le noyau
Linux.
J’exprimais alors mon enthousiasme pour les 6 mois d’utilisation que
j’avais derrière moi et mon espoir que son utilisation puisse se
simplifier et se généraliser, malgré l’obstacle initial des licenses.
Sept ans plus tard, je reste très admiratif devant le travail accompli
et le développement de nouvelles fonctionnalités, au point que toute la
communauté d’OpenZFS s’appuie maintenant sur ZFSonLinux et non plus
sur Illumos.
Techniquement, je n’ai jamais eu de problèmes toutes ces années et suis
plus que jamais un fan de ce système de fichiers.
BTRFS, qui possède une partie des fonctionnalités qui m’intéressent, a
été pour moi beaucoup plus capricieux sur la même période.
Heureusement, je ne lui confie mes données qu’avec prudence.
Pourtant, depuis un an, les choses vont assez mal, non techniquement,
mais politiquement.
J’avais d’abord accueilli favorablement la décision de Canonical
d’intégrer ZFS dans Ubuntu en invoquant des arguments juridiques assez
vagues.
J’avais même espéré que cela inciterait Oracle, qui avait investi dans
le développement de BTRFS et possédait aussi ZFS depuis son acquisition
de Sun, à régler de manière définitive le problème de la license de ZFS.
Malheureusement, l’initiative de Canonical semble avoir eu l’effet
inverse : 2019 aura été l’année où les développeurs du noyau Linux ont
paru vouloir la peau de ZFSonLinux.
Si je comprends parfaitement que les développeurs du noyau ne veuillent
pas intégrer ZFS du fait de sa license, voire qu’ils s’opposent à
l’initiative de Canonical, j’ai plus de mal avec l’idée que le développement
de modules séparés à compiler soi-même ou à distribuer séparément du noyau
leur pose problème.
Les déclarations outrancières de Torvalds
et d’autres développeurs du noyau contre la technologie ZFS indiquent
bien qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de license.
ZFS vient d’ailleurs, il est meilleur sur bien des points que les
systèmes de fichiers intégrés au noyau Linux ; il a peut-être nui au
succès de BTRFS ; il doit donc être éradiqué.
L’utilisation de mises à jour du noyau Linux dans le seul but d’empêcher
le bon fonctionnement des modules de ZFS sur ce noyau
est assez évidente et permet aux développeurs d’éviter d’endosser sous
une forme plus juridique (plus coûteuse en termes de finances et d’image)
un procès pour violation de licenses.
Je dois dire que devant l’injonction que semblent nous faire Linus
Torvalds et Christoph Hellwig
de choisir entre Linux et ZFS, je suis assez sûr de rester sur ZFS.
En plus de mon serveur, j’ai déjà un poste de travail sous FreeBSD.
Je perdrai moins à quitter Linux qu’à quitter ZFS.
Et plus les années passent, et plus la querelle entre GPL et BSD, qui
me paraissait byzantine il y a quelques années, m’apparaît comme un
véritable enjeu qui définit l’idée qu’on se fait de la liberté.