Après presque trois ans de bons et loyaux services, il m’a fallu renoncer à mon Aquaris E5.
Non qu’il ait fini par manquer de puissance ou de fonctionnalités nouvelles, non que son autonomie ait réduit, non que je m’en sois lassé.
J’ai même tout fait pour le garder, mais cela n’a pas été possible.
En octobre dernier, en vacances dans la maison de mes grands-parents, je l’oublie dans la poche de mon pantalon en compagnie d’un trousseau de vieilles clés aux formes baroques et je pars bravement ramasser des pommes au verger.
Malgré son étui en tissu matelassé, lorsque je le ressors de ma poche, l’écran est méchamment brisé, au point que la dalle tactile ne fonctionne plus.
Très contrarié, je parviens pourtant à l’éteindre sans qu’il redémarre (l’opération n’est pas aisée sans la dalle tactile ; je ne me souviens même plus comment j’ai fait) afin de préserver la batterie, bien décidé à le faire réparer.
Lorsque je prends contact, dans les différentes régions que je parcours pendant les vacances, avec divers réparateurs de téléphones, la réponse est toujours la même : « Nous ne travaillons pas avec la marque BQ. Essayez chez un autre réparateur. »
J’en conclus que décidément, les gens ne doivent rien acheter d’autre que des Samsung ou des Apple ; des Wiko pour les plus audacieux.
Lorsque j’entreprends de contacter BQ France qui m’avait vendu l’appareil, j’ai la désagréable surprise de m’apercevoir que le constructeur a fermé son réseau de distribution en France ; il faut contacter directement l’entreprise espagnole.
Leur site est très bien fait et je suis rappelé très vite par une personne parlant très bien français.
Les nouvelles en revanche n’ont rien de réjouissant :
- La réparation de l’écran coûtera au moins 115 €.
- Les frais d’expédition sont à ma charge.
- Les données du téléphone seront effacées.
Ce dernier point est important car ma dernière sauvegarde remontait à plusieurs mois.
J’allais donc perdre des données ; rien de vraiment essentiel, mais c’est un point qui me tient à cœur en informatique : ne jamais perdre de données.
Or, il m’est impossible de me connecter en USB ou par wifi au téléphone sans la dalle tactile.
Payer donc presque 130 € pour réparer un téléphone âgé de trois ans qui coûtait 199 € à l’achat, sans même pouvoir conserver ses données, ça ne me paraît pas vraiment avantageux.
Je décide donc de jouer ma dernière carte : tenter de changer moi-même l’écran du téléphone.
Après avoir lu quelques tutoriels en ligne, je commande la pièce sur un site qui l’expédiera depuis la Chine pour une trentaine d’euros.
Un mois plus tard (c’est long un mois avec un Samsung à clapet…), je reçois enfin la pièce et j’attends d’avoir quelques heures de calme devant moi pour faire passer le BQ sur le billard.
Un ami bien équipé m’a prêté une machine qui sert à chauffer la colle, opération qui me paraissait difficile.
Ce n’est finalement pas ça qui coincera, mais une fiche qui, lors du remontage, ne voudra jamais rentrer dans son connecteur et finira par casser, à force de se faire triturer.
Résultat, le téléphone est définitivement H.S.
Au passage, le démontage de la bête et la tentative malheureuse de remontage restent une expérience intéressante.
Rien à voir avec un ordinateur d’aujourd’hui.
Ces engins ne sont pas du tout conçus pour être bricolés.
Malgré le prix élevé, tout y est imbriqué et mal fait : colle, vis très nombreuses et mal placées, connecteurs ésotériques et minuscules.
L’esthétique de l’engin (finesse, rebords très limités) semble l’emporter sur toute autre considération.
Voilà qui ne va pas me réconcilier avec ces machines aujourd’hui si populaires.
Me voilà donc à la recherche d’un nouveau portable qui me permettrait de rester sous UBports.
Le choix semble assez simple :
- Trouver un portable d’occasion.
- Acheter neuf un Fairphone 2.
Comme la démarche de Fairphone (production équitable et téléphone facilement démontable et réparable sans outil) me paraît encore plus judicieuse après cette expérience cuisante, je décide, malgré un prix assez largement supérieur aux 199 € de mon BQ, de leur donner une chance et j’achète ce téléphone à la mi-décembre.
Trois mois plus tard, je ne regrette pas mon choix.
Lorsqu’on ouvre le téléphone, c’est clairement le jour et la nuit par rapport aux entrailles du BQ.
Voilà un appareil intelligemment conçu, qui est vraiment fait pour être facile à bricoler.
De plus, le processeur plus véloce et la mémoire qui fait le double de mon BQ apportent une fluidité bien appréciable à l’expérience.
L’apport de la 4G n’est pas négligeable non plus.
Tout n’est pas rose pour autant.
La batterie s’épuise plus vite que celle de mon BQ, laquelle était restée trois ans à un niveau vraiment satisfaisant.
UBports est moins bien supporté qu’il ne l’était sous le BQ.
Les bugs sont connus et assez nombreux : image à l’envers sur la lentille avant, flash qui ne fonctionne pas, menu wifi qui disparaît parfois de la barre d’état, installateur qui plante.
Heureusement, aucun n’est vraiment handicapant; les selfies à l’envers ont même quelque chose d’amusant.
Il n’empêche que Fairphone et UBports devraient s’employer à régler ces problèmes anciens.
- UBports le devrait car c’est le téléphone qu’il met en avant sur son site et le seul encore vendu neuf qui est supporté. Pour un utilisateur néophyte, le simple fait que l’installateur récent plante et qu’il faille utiliser une ancienne version pour pouvoir procéder à l’installation paraît assez rédhibitoire.
- Fairphone fait l’effort de faire évoluer la version d’Android avec laquelle il est livré et fournit des mises à jour régulières. C’est vraiment très appréciable quand on voit le comportement des autres fabricants. Néanmoins, l’argument du libre et de l’indépendance face à Google complèterait bien l’argumentaire publicitaire du Fairphone. Maintenant que Purism va commercialiser son Librem 5, Fairphone devrait renforcer un peu UBports pour pouvoir défendre son produit chez sa clientèle libriste.