Oracle joue perdant-perdant

On pourrait se réjouir de la victoire des développeurs partis développer librement LibreOffice sur le géant Oracle et sa vision très autoritaire du développement d’OpenOffice. Ce serait à mon avis faire fausse route. Je crois qu’on ne peut ajourd’hui que regretter l’énorme gâchis qu’ont occasionné les événements de ces derniers mois :

  • Au moment où les développeurs prennent leur indépendance, ils lancent un appel à Oracle pour qu’il libère le nom d’OpenOffice et laisse la communauté s’approprier le développement du programme. Oracle refuse et somme les développeurs de choisir leur camp : c’est le fork.
  • Oracle lance ensuite une série de projets (pour quel coût ?!) pour montrer son intérêt pour OpenOffice : changement de nom de la version commerciale, développement d’une offre dans les nuages, lancement de mises à jour pour ne pas donner l’impression que LibreOffice avance plus vite etc.
  • Aujourd’hui, plutôt que d’annoncer qu’Oracle accepte de céder le nom afin de confier le projet à la communauté et de permettre ainsi une éventuelle fusion des deux projets concurrents, ce qui lui donnerait (mieux vaut tard que jamais) le rôle de bon perdant, Oracle communique de manière particulièrement vague et l’avenir reste pour l’instant très incertain.

Si les deux projets demeurent séparés et que le développement d’OpenOffice cesse progressivement, alors tout cet épisode aura été une catastrophe. En effet, si je soulignais il y a quelques mois l’inocuité du fork pour les utilisateurs lambda sous Windows, c’était au nom de la continuité des mises à jour gratuites par Oracle. Je doutais fort en revanche que ces utilisateurs passent d’eux-mêmes à la version LibreOffice (d’autant que ceux qui auraient essayé, dans mon collège, se seraient heurtés à un vilain bug plutôt décourageant), surtout si les fonctionnalités ne permettent pas clairement de les distinguer. Je crains donc que l’arrêt du développement d’OpenOffice, s’il devait se produire, réduise simplement le nombre d’utilisateurs de la suite, hors Linux et autres OS libres.

L’image d’Oracle n’en sortirait pas grandie, mais celle de la suite bureautique libre de référence non plus.

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