Pinephone sous Mobian

Après les difficultés que j'ai eues pour trouver un remplaçant sous UBPorts à mon BQ lorsque j'ai cassé son écran, j'ai voulu prendre les devants et m'offrir un téléphone d'avance lorsque l'occasion s'est présentée. Aussi ai-je fait l'acquisition d'un Pinephone UBPorts Edition il y a maintenant plus de deux ans. Si je savais en l'achetant que l'OS était encore loin de ce qu'il pouvait être sous Fairphone 2, j'espérais qu'il progresserait assez rapidement pour atteindre un niveau comparable. Il s'avéra malheureusement que, quel que soit le canal choisi, le développement se mit à stagner.

Pendant ce temps-là, UBPorts concentrait ses moyens sur le passage à 20.04, objectif qu'il poursuit toujours à l'heure actuelle. Depuis cet été, la version 16.04 n'est plus vraiment supportée par Canonical et il devient compliqué d'utiliser certains programmes dans Libertine, du fait de cette fin de support. Je lus alors qu'il n'était par ailleurs pas du tout certain que le Fairphone 2 puisse passer à la version 20.04 d'UBPorts (ici puis ici, par exemple) et je me dis qu'il fallait peut-être franchir le pas et essayer d'installer autre chose sur mon Pinephone rangé dans un placard en attendant des temps meilleurs.

J'hésitai un peu entre Postmarket OS, Manjaro et Mobian et ce dernier finit par emporter la mise du fait de la possibilité qu'offrait le logiciel d'installation de chiffrer la partition système. Cette disposition basique de sécurité n'était jusque-là offerte sur aucun OS mobile libre, à ma connaissance.

Pour un OS beaucoup plus récent qu'Ubuntu Touch, la surprise est franchement très agréable : tout ce qui peut irriter un peu le linuxien de bureau sur Ubuntu Touch (impossibilité d'installer des applications avec l'outil apt, sauf à utiliser un container Libertine, applications habituelles manquantes etc.) disparaît ici : toutes les applications présentes sous Debian peuvent être installées, même si l'interface n'est pas toujours utilisable. Je peux donc par exemple installer une synchronisation des favoris avec Firefox ou un client de courriel complet comme Geary.

Grâce à Mosh (et à Purism), l'utilisateur de Gnome se retrouve en terrain familier, mais avec une interface plus adaptée aux petits écrans. Si l'ensemble est moins agréable (finitions et gestes) à utiliser que Lomiri (ex-Unity), l'intégration par défaut de tous les composants de la distribution est assez bonne.

J'avais peur de ne pas réussir à intégrer un logiciel de double authentification, mais Gnome Authenticator fonctionne très bien. En plus de LibreOffice, j'ai pu installer une TeXLive parfaitement à jour, Doom Emacs et Unison ; j'ai donc tous les outils dont j'ai besoin pour travailler. Les comptes en ligne, comme un Nextcloud auto-hébergé, sont directement intégrés à Gnome, comme dans la version Bureau de Gnome.

Mon clavier pliable Bluetooth fonctionne très bien. Seule ombre au tableau, la connexion avec l'ordinateur de bord de ma voiture, via Bluetooth, qui fonctionnait assez bien avec mon Fairphone 2 sous UBPorts, ne fonctionne plus ici. En même temps, je ne l'utilisais que rarement.

Bref, après quelques jours d'essai, j'ai transféré ma carte SIM de mon Fairphone 2 à mon Pinephone et suis resté depuis la mi-décembre sur ce nouveau téléphone. Le téléphone démarre plus vite que le précédent, mais le lancement d'application est plus lent. La batterie reste pour l'instant un peu juste pour une utilisation tout au long de la journée. Il faut parfois jouer avec la mise à échelle de l'interface pour pouvoir utiliser certains programmes. Je n'ai pas encore réussi à faire fonctionner le GPS. Mais au quotidien, mon téléphone me sert surtout à prendre des notes org-mode synchronisées, à passer des appels et à envoyer des messages, ce que ce téléphone fait plutôt mieux que le précédent (Emacs graphique contre Emacs en terminal sous Libertine). Finalement, l'ensemble fonctionne assez bien au quotidien, surtout depuis que je l'ai passé à Bookworm, ce qui permet de bénéficier des dernières mises à jour de l'interface Phosh.

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